Je suis mort
L’aube commençait à pointé dans sa chambre. La lueur du soleil caressait doucement le sol et éclairait son visage tiré par la fatigue. Il dormait, durement et sévèrement, sur son lit aux draps immaculés de l’hôpital Princeton Plainsboro. Des fleurs, dont la vie s’en allait progressivement, étaient posées dans un vase bleu, sur sa table de chevet. La morphine gouttait régulièrement dans sa perfusion et des bruits sourds se faisaient entendre au niveau de ses appareils qui surveillait son rythme cardiaque. C’est les larmes aux yeux, que Wilson sortit de la pièce. Il ne pouvait supporter plus longtemps de le voir dans cet état. Il longea le couloir lentement et s’affala sur le premier banc. Il se prit le visage dans les mains et se laissa aller. Pourquoi les avaient-ils laissé faire ? Lâche. Il était un lâche. Il essaya de se reprendre mais en vain. Il le revoyait toujours, gisant sur la table d’opération et au bord de la tachycardie, sur le point de le perdre. Il l’entendait toujours, dans sa tête. Ne les laisse pas…ne les laisse pas faire ça…
Et pourtant, il les avait laissé faire. Il l’avait trahit. En apprenant la nouvelle, toute son équipe était passée le voir. Taub, Treize, Foreman, Chase et même Cameron. Ils étaient inquiets pour leur patron. Mais lui, James Wilson n’était pas inquiet. Il avait peur. Peur pour lui, peur pour leur amitié, peur pour sa vie. Soudain, il entendit ces bruits de talons si familiers. Il releva la tête pour voir Lisa Cuddy, le visage bouleversée, s’avancer vivement. Il se leva brusquement, emparé d’une subite et violente colère. Elle s’arrêta à quelque centimètre, ouvrit la bouche et la referma. Mais Wilson ne la laissa pas la rouvrir à nouveau et enchaina fortement :
-Pourquoi ? Pourquoi lui avez-vous fait ça ? De quel droit vous vous êtes permis de venir à l’opération ? De venir lui rendre visite juste après ? Même, de venir juste à l’hôpital et de me parler ? Pourquoi Cuddy ?!
-Wilson…
-Non ! La ferme Cuddy !
La doyenne sursauta et les larmes lui montèrent. Tout le monde dans le hall et le couloir se tut. Un silence pesant s’installa et un malaise prit place.
-Je…Je suis désolé. Balbutia Cuddy tendit qu’une larme perla et se mit à couler sur sa joue.
Wilson était livide de rage et ses lèvres tremblaient. Quand, leurs bips se mirent à sonner. Ils se précipitèrent dans le couloir et entrèrent dans sa chambre.
-Que s’est-il passé ? S’écria Cuddy.
-Il est au bord de l’inconscience. Répondit une infirmière.
Wilson posa son stéthoscope sur sa poitrine. Cuddy attendit, la peur lui broyant l’estomac.
-Il est en détresse respiratoire ! Il faut l’intuber ! S’écria-t-il en remettant son stéthoscope autour du cou.
Foreman et Treize surgirent dans la pièce. Le neurologue attrapa le plateau d’intubation et commença la manœuvre. Une fois que se fut fait, son état se stabilisait. Wilson souffla et se laissa choir sur le siège le plus proche. Après cette chute soudaine, Cuddy s’enferma dans son bureau. Toutes ces émotions étaient trop pour elle. La peur la rongeait de l’intérieur et elle respirait difficilement à cause du stress. Quand à Wilson, il attendait patiemment, sur sa chaise. Il essayait de penser à autre chose. Mais malheureusement, les mêmes mots, les mêmes phrases lui revenaient sans cesse à la tête.
-Il y a forcément autre chose à faire Cuddy !
-Vous savez bien que non.
-Il…Il doit y avoir une autre échappatoire !
-Il a la gangrène ! Sa jambe n’est qu’une pourriture qu’il traine derrière lui et dans quelques heures, son corps pourrira avec lui ! James…Si on ampute pas, il mourra. S’il n’avait pas amputé, il serait mort. Mais amputé, il mourra quand même. Il le savait. Jamais il n’acceptera ce qu’ils lui ont fait. Il entendit soudain un bruit. Il releva la tête et vit qu’il se réveillait.
-Attend, attend…Dit-il en se précipitant vers lui alors qu’il se débattait avec le tube qui lui était inséré dans la gorge.
Il enleva le support et lentement, le tube tandis que son ami expirait. Il toussa un petit moment et ferma les yeux. Wilson attendit, torturer par le remord et la culpabilité.
-Qu’est-ce…qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? James.
-Ils…
Mais il n’arrivait même pas à lui dire.
-James, qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? Répéta-t-il.
-Ils ont dut…amputer. House, je suis vraiment désolé.
House le regarda intensément, se disant peut-être qu’il mentait. Mais il ne mentait pas.
-Ce n’est pas vrai. Dit-il.
Wilson ne sut que répondre.
-House…
-Arrête. On dirait que tu vas m’annoncer que j’ai un cancer !
-Je…
-La ferme ! Je t’avais dis qu’il ne fallait pas les laisser faire ! Tu m’avais promis que je garderai ma jambe ! Se mit-il à hurler subitement.
Wilson remarqua que son rythme cardiaque commençait à s’accéléré mais il n’y fit pas attention. Il ne pouvait plus garder tout ça pour lui.
-Ta jambe pourrissait ! Tu sais très bien ce qu’il se serait passé si on n’avait pas amputé ! Si un de tes patients avait la gangrène, tu lui aurait conseillé l’amputation. Non, tu l’aurais brusqué, fait pression pour qu’il fasse ce que tu avais envie de lui faire ! C’est-à-dire, l’amputation !
House se leva précipitamment du lit, face à lui.
-La gangrène est venue d’un point d’origine ! Il fallait le trouver avant et…
-Tu serais mort !
-JE SUIS MORT !
Wilson pouvait voir à présent que le moignon avait bien cicatrisé et qu’une prothèse avait été placée. Il vacillait un peu mais arrivait à tenir debout.
-Arrête de dire ça ! Cria-t-il. Tu crois que c’était facile pour moi ? D’avoir le choix de tenir une promesse ou de te laisser mourir !
-TU AURAIS DUT DONC ME LAISSER MOURIR !!! S’époumona-t-il.
Soudain, il lui donna une puissante droite à lui décrocher la mâchoire. Wilson se sentit s’écrouler avec une forte douleur sur le côté droit de son visage. Mais House ne cessa pas, il l’enfourcha et continua de le tabasser. Dans le hall, la bagarre se fit entendre et l’équipe de House entra rapidement. Foreman, Chase et Taub tirèrent Wilson tendit que Cameron tentait de calmer House. Il était avachit à terre, ses yeux exprimant toute sa fureur et sa détresse. Taub s’apprêtait à aider Wilson à se relever mais s’arrêta dans son geste. Treize restait figé tandis que le reste de l’équipe fut médusé. Cameron, quand à elle, avait une main sur l’épaule d’House et l’autre sur son cou. La tête de celui-ci était collée contre le mur, sa prothèse repliée et l’autre jambe étendue. Mais surtout, House pleurait. De longues larmes coulaient à flot sur ses joues, il ne retenait pas ses sanglots et pleurait. L’une de ses mains essayait de s’accrocher au mur, mais en vain, elle glissait. Cameron la prit alors et il s’y accrocha fortement. Il ne voulait pas la lâcher. Cameron sentait avec douleur, sa détresse et son mal. Elle l’étreignit un peu plus et il coinça sa tête, en dessous du cou de la jeune femme. Wilson, toujours en position assise et essuyant le sang de sa bouche, regardait la scène avec effarement. Dehors, le hall et leur occupant s’était arrêté de bouger. Le personnel et les médecins de cet hôpital avaient l’habitude de voir House comme le diagnosticien con à la canne, mais pas l’infirme détruit. Cuddy aussi voyait la scène. Et elle s’en voulait. Sa n’aurait jamais dut arriver. Et pourtant, c’était fait. House était toujours accrochée à Cameron mais il se calmait petit à petit. Wilson se leva en reprenant ses esprits mais le reste de l’équipe restait toujours immobile. Enfin, Chase se précipita vers Cameron et l’aida à prendre en charge leur patron. Une fois remit au lit, House s’endormit aussitôt. Quelques heures plus tard, la chambre était à nouveau vide. Cuddy hésita à entrer. Tout était de sa faute. Elle posa sa main sur la poignée de la porte mais une autre main l’arrêta. Elle releva la tête pour apercevoir celle de Cameron.
-Je ne pense pas qu’il est besoin de vous voir en ce moment. Dit-elle froidement.
Cuddy ne répondit rien, baissant les yeux et enlevant sa main.
-Je pense, reprit-elle, que nous l’apprécions toutes les deux. Et pour son bien, si vous l’aimez autant que moi, laissez le seul.
Puis, elle partit aussi rapidement qu’elle était venu. Je dois être là à son réveil, pensa Wilson en longeant le couloir. Il entra dans la chambre de son meilleur ami et s’assit au chevet de celui-ci. House dormait toujours mais la différence par rapport à la dernière fois, c’était que son sommeil n’était pas sévère, ni douloureux, il était reposant et réparateur. Sa poitrine se soulevait à un rythme régulier et ses paupières bougeaient légèrement en signe de rêve. Il rêvait, Wilson en était soulager. House ne souffrait pas. Du moins, pas pendant son sommeil. Mais à peine avait-il pensé à ça, qu’House ouvrit les yeux.
-Salut, dit-il d’une voix rauque.
-Salut, lui répondit Wilson.
Il eut un silence et House reprit :
-Je suis désolé.
-Non, c’est moi qui suis désolé et…
-…ne commence pas ! Je suis vraiment un enfoiré. Tu n’avais pas le choix. Vous n’avez pas le choix. Mais…Je veux juste…plus de pitié…
-Non. House, ce n’est pas parce que tu n’as plus ta jambe que les choses vont changer. Les gens n’auront pas plus de pitié envers toi que t’habitude. Tu resteras House. Mon meilleur ami. La seule chose qui a changé, c’est ta douleur. Tu n’auras plus mal.
-Mouais…
-Mais ?
-Je n’ai plus ma jambe.
Wilson soupira. House ferma les yeux.
-Je vais te prendre un café, noir ?
-Oui, répondit House sans ouvrir les yeux.
Il frappa dans sa main et leur point s’entrechoquèrent dans un tchèque fraternel. Wilson était à présent à la cafétéria avec deux cafés entre les mains.
-Est-ce que sa va ?
James se retourna et vit Cameron et Chase. Wilson s’assit à une des tables avec eux deux.
-Moi oui, lui je ne sais pas.
-Il ne l’accepte toujours pas, hein ? Fit Chase.
-Non.
-Vous voulez que je lui apporte ? Demanda Treize en arrivant près de leur table en compagnie de Taub.
-Merci, répondit Wilson en lui tendant le café d’House.
Treize entra dans la chambre de son patron et déposa la boisson sur la table de chevet, près du pot de fleur. House avait apparemment les yeux fermés mais elle savait qu’il ne dormait pas. Elle se souvenait des premiers moments où l’on avait soupçonné ses problèmes.
-Vous n’avez pas remarqué quelque chose d’étrange avec House ? Fit Treize à ses collègues dans la salle des diagnostiques.
-House ? Répéta Taub en regardant vers la vitre transparente du bureau.
Chase tourna également de l’œil. Mais il n’y avait rien d’apparent.
-Je ne vois pas, fit-il.
-Il…Il marche presque normalement ! S’écria Treize.
Maintenant que c’était dit, l’équipe pouvait voir qu’il marchait toujours avec sa canne mais qu’en effet, il ne boitait pas. Les médecins se jetèrent un regard, septique.
-On a un cas ? Chanta House en entrant enfin dans la pièce.
-Non. Mais les urgences ont besoin de nous et on vous attendait juste pour vous prévenir. Répondit Taub.
-Vraiment aucun cas ?! S’étonna House, désolé.
-Non, affirma Treize.
-Bon, allez-vous amusé aux Urgences ! Dites bonjour à Cameron de ma part. Traduction, une gifle fera la faire.
-Qu’est-ce qu’elle vous à fait ? Demanda Chase.
-Oh, rien. Juste pour le plaisir.
L’équipe se leva mais Treize fit bien attention à passer devant son patron. Puis, lorsque ce fut possible, elle lui donna un violent coup de pied dans sa jambe invalide. House poussa un cri de surprise, mais pas un cri de douleur. Les autres médecins se retournèrent, étonnés.
Un jour plus tard, Wilson lui découvrit des traces noires sur la jambe qu’il ne sentait plus. Une semaine plus tard, l’infection avait prit du pied jusqu’aux genoux. Le lendemain, il s’écroulait inconscient, dans le hall de Princeton Plainsboro. Encore quelques heures, et le Dr House était sur la table d’opération. House ouvrit enfin les yeux et se redressa sur son oreiller. Elle se remémorait encore la scène où son patron était écroulé au sol, entrain de pleurer dans les bras de Cameron.
-Arrêtez de me regarder comme ça, je ne suis pas encore mort ! S’écria House.
-Vous commencez dans deux jours. Votre rééducation sera supervisée par le Dr Armstrong.
-Je…
-Oui ?
-Est-ce que…
Il semblait gêner à lui posé cette question. Alors, Treize attendit, patiemment.
-Est-ce que Cameron, peut…assister à ma…
-Oh, Oui. Surement. J’irais lui demander. Répondit-elle avec un sourire.
Le lendemain, Cameron apprit la nouvelle.
-Quoi ? S’écria-t-elle au téléphone, se séchant les cheveux avec une serviette.
-Il aimerait que tu participes à sa rééducation, répéta Treize de l’autre côté de la ligne.
-Heu…d’accord.
Quand à House, il avait déjà commencé sa séance. Le Dr Armstrong ne lui posait aucune question. Elle lui disait juste quoi faire et House l’appréciait pour sa simplicité et ne sentait aucune pitié dans son regard. Dans la salle, il y avait deux rampes au milieu. House s’y tenait et essayait de marcher, lentement, pas après pas. Cameron entra enfin et sourit lorsqu’elle le vit marcher, en se tenant plus que sur une rampe. Mais tout d’un coup, il manqua de vaciller. Comme elle était juste derrière, elle le rattrapa vivement.
-Vous avez fait beaucoup de progrès aujourd’hui. Dit-elle.
-C’est parce que je savais que vous viendrez.
-Vous n’en savez rien.
-Non.
Le Dr Armstrong se dirigea vers eux avec un fauteuil roulant.
-Bien, Dr House vous avez en effet fait de nombreux progrès. Mais les séances vous fatiguent. Il va falloir vous ménager. Soit avec un fauteuil, soit avec des béquilles.
-Les béquilles, c’est démodé ! S’écria-t-il, ironique.
Cameron sourit, elle le retrouvait enfin.
-Cameron, nous avons un cas en ce moment ? Fit-il une fois assit dans le fauteuil.
Elle prit le fauteuil et tout les deux sortir de la salle de rééducation.
-Oui. Jeune homme de 27 ans, hémorragie interne, fièvre, les gazes du sang indiquent un taux d’oxygène inférieur à la normale avec présence d’hémoglobine dans le sang.
-Hum…infection pulmonaire ? Fit-il alors qu’ils rentraient dans l’ascenseur.
-Cela n’explique pas l’hémorragie.
-Meilleur idée peut-être ?
Ils venaient d’atterrir à l’étage du service de diagnostique.
-Hum…demander leur avis aux autres ?
-Ça c’est une idée !
Ils étaient en face du bureau vitré.
-Attendez ! S’écria House.
Cameron le vit se penché. Il tirait sur son pantalon afin de bien cacher sa prothèse.
-Sa va aller…Lui dit-elle.
Il se tourna vers elle afin de la regarder. Elle lui souriait et cela l’apaisait. Puis, ils se décidèrent à entrer. Chase, Foreman, Treize et Taub se levèrent, heureux de le voir.
-Content de vous revoir patron ! S’exclama Chase.
-Mais moi aussi, mes larbins préférés ! S’exclama-t-il.
Pendant six mois, House avait été en fauteuil roulant à cause des complications de l’amputation. Pendant six mois, il avait fait sa rééducation avec le Dr Armstrong et Cameron. Juste qu’au jour où il s’est levé et s’est mit à marcher…
TBC...